Introduction

   
   Un bouffon du roi, c'est un personnage comique dont le but premier est de répondre au besoin de divertissement personnel du roi, ainsi que de faire rire la cour.
   Tout commence au XIème siècle où les premiers fous de rois apparaissent. Au tout début, on parle de "fous à gage" que l'on retrouve dans les cours féodales. Ils sont qualifiés de monstres et de fous pathologiques, mais en réalité, ces fous ne sont autres que des comédiens qui simulent la folie de sorte à couvrir toutes leurs pitreries.
   Plus tard, en Angleterre notamment, naît ce qu'on appelle des "fous professionnels" qui occupent leur fonction de façon fixe ; un bouffon pour un roi jusqu'au décès d'un des deux.
   Ce personnage mystérieux, trop souvent mis à l'écart et très peu considéré par la population, a joué un grand rôle auprès du roi. Ce qui amène à la problématique suivante : Quelles sont les fonctions sociales et historiques du bouffon du roi ?

Qui est-il réellement ?

      

      Bouffon du roi ≠ Folie


Un critère important à savoir : le bouffon/fou du roi n'est pas fou, il n'a pas d'excès de folie. 
La folie est caractérisée comme maladie mentale. Le terme "bouffon/fou du roi" est seulement employé pour désigner le personnage grotesque qui accompagne le roi tout au long de son règne. 
De plus, ce personnage est loin d'avoir une déficience mentale étant donné qu'avant d'être aux côtés du roi, il était par exemple savant, médecin ou apothicaire. 
Le fou du roi a donc quelque chose de sage ; c'est un simple d'esprit, un personnage sain.



       Rôle principal : faire rire 


            Un homme doué


Le bouffon du roi se doit d'être en permanence divertissant. Pour ce faire, il doit être apte à faire toutes sortes de choses et avoir une grande imagination, pour éviter l'effet de répétition qui pourrait amener le public à l'ennui. Mimer, jongler, faire des acrobaties, faire des farces, chanter, faire des devinettes, raconter des histoires, sont quelques exemples de ce que le fou du roi accomplit simplement. 
Il aime monter sur scène et se donner en spectacle en accomplissant des choses qui ne sont pas dans les habitudes des courtisans et du roi de faire.
Cet homme à la langue bien pendue profite de son statut de personnage comique pour se moquer du roi et des courtisans, pour raconter quelques confidences de son maître qui sont à son avantage bien-sûr. Il a la liberté de dénoncer tout haut les travers des uns et des autres et a le droit de révéler des vérités, tout ça sur un ton de plaisanterie ou de satire, en disant, par exemple, des choses anodines sur un ton grave et des choses plus graves avec un ton humoristique. Il n'est donc jamais puni même s'il divulgue des choses compromettantes, vu que tout se joue sur la plaisanterie. 


            Un physique pas comme les autres

Le fou du roi a la capacité de faire rire grâce à sa diversité d'actions et de discours. Mais ce qui aide aussi à provoquer le rire chez le public, c'est son physique et sa tenue vestimentaire. En effet, ce personnage, la plupart du temps, a un physique disgracieux, il est laid, voire "contrefait". Lorsque la première rencontre se fait avec le bouffon, les gens sont parfois amenés à rire devant cette face différente, anormale. 
 


Deux fous de rois différents, Triboulet et l'Angély, ayant tous deux marqué l'histoire : 
(on remarque bien que les traits physiques du visage sont assez spéciaux)





Des répliques amusantes, des jeux de rôles divertissants, un physique sujet aux moqueries... Pour encore plus de rire, il faut forcément un déguisement qui, lui aussi, se rattache au monde du comique. 
Le fou est vêtu d'habits multicolores avec des grelots à quelques endroits du costume. Cela lui donne un air plutôt ridicule, mais les courtisans et le roi trouvent ceci très amusant. Il a également en permanence une "marotte" à la main ; sorte de bâton avec une petite figure de marionnette portant un bonnet multicolore, cette figure se situant en haut de la canne.



 Une marotte







Un bouffon et sa marotte





Un habit de fou du roi : 






       Un second rôle, assez complexe


Le fou du roi ne se contente pas seulement de divertir le roi et d'amuser la cour. Il est aux côtés du roi en permanence ; il le tutoie comme si il se considérait au même niveau que lui, l'accompagne dans sa solitude, lui dit la vérité même quand celle-ci est désagréable, le remet à sa place en lui rappelant sans cesse qu'il est un homme et qu'il ne doit pas devenir un tyran, l'aide dans ses décisions car, même si le roi est entouré d'un réseau de conseillers, le bouffon fait l'intermédiaire entre le peuple et son maître - aborde des sujets tabous, divulgue au roi ce que les courtisans ne peuvent se permettre de lui dire directement, et d'un œil extérieur, lui dire ce qui ne marche et ne va pas dans ses actes - ce qui permet ainsi une remise en question et une aide constructive. Le fou exerce plus ou moins une influence dans la vie du roi.
On considère donc que, pour le monarque, le bouffon est un pilier, solide, qui permet au roi de rester, en quelque sorte, dans le droit chemin. 
C'est un accompagnement quotidien qu'effectue le fou auprès de son maître, à peu près partout, que ce soit dans des endroits publics ou privés ; on parle d'une "ombre du roi", voire d'un miroir grotesque. 
Quand on est bouffon du roi, il faut savoir avoir les épaules larges pour supporter un roi, ses humeurs, ses règles, ses conditions mais aussi avoir la force d'accompagner un roi qui a des fonctions quelques peu difficiles et qui rencontre parfois des situations indésirables, tout ça tout au long du règne.

Des bouffons reconnus par l'Histoire et la Littérature

      

      Personnages historiques


Le premier bouffon du roi, nommé Goeffroy, apparaît à la Cour de Philippe V. S'installe ensuite la fonction de fou du roi, officiellement, qui permettra à chaque monarque d'avoir à ses côtés un personnage pour le divertir et l'accompagner tout au long de son règne. 

Nombreux ont été bouffons du roi, mais peu ont réellement marqué l'Histoire. 



              Triboulet


Nicolas Ferrial, Le Févrial, ou plus connu sous le nom de Triboulet était un bouffon du roi, ou plutôt LE bouffon du roi ; aucun autre fou n’était doté de son talent, de ses capacités intellectuelles, de sa repartie et aucun ne savait manier aussi bien finesse d’esprit et bouffonnerie. Il eut de l’influence sur les décisions royales et était écouté par ses souverains : Louis XII et François Ier.

Triboulet est un paysan, né en 1479. Il est de petite taille, a le dos plat et bossu, des yeux assez petits et un front volumineux. Son physique plutôt disgracieux lui a porté préjudices durant son enfance ; il fut sujet de moqueries sévères de la part des autres enfants.  

Louis XII prendra Triboulet à son service comme bouffon du roi. Il effectuera sa fonction de fou du roi tout au long du règne du monarque.
En 1515, à la mort du roi Louis XII, Triboulet conserve sa place mais sera aux côtés de François Ier, successeur de l'ancien roi.
Personnage têtu, Triboulet n'a jamais su acquérir les notions de savoir-vivre, même les plus basiques. Il prend facilement ses marques et ne se gêne pas pour se moquer et critiquer tout le monde sans exception ; même le monarque, avec qui il a pourtant un certain lien : il se permet de l'appeler "Cousin". 
Triboulet décède en 1536, après avoir passé presque toute sa vie aux ordres de ses supérieurs, mais en ayant tout de même profité de sa situation.


              L'Angély

Le dernier des derniers, du temps des rois, à avoir remplit ses fonctions de bouffon du roi est l'Angély. C'est auprès du roi Louis XIII qu'il effectue sa charge, pour ensuite continuer à la cour de Louis XIV. L'Angély est un bouffon doté d'une prise de parole assez légère, facile et dérangeante, qui ne plait pas à tous. Avec le temps, ce dernier se fait des ennemis, sa présence n'est pas appréciée, ni ses répliques, ni son comportement, on dit du mal de lui ; il en profite donc pour provoquer encore plus en se moquant fortement, en étant désagréable et en ayant des propos désobligeants. Il finit par être détesté de presque tous les courtisans. On en vient même à le chasser. 
L'Angély, à la suite de ce tragique moment, ne sera pas remplacé par un autre fou du roi. La fonction de bouffon du roi sera alors supprimée et disparaîtra au fil du temps. 


      Bouffons et Littérature

Dans la Littérature, on rencontre de tout ; différents genres/types de textes, différentes situations, différentes histoires, différentes actions... et surtout différents personnages.
Des bouffons - le plus souvent n'ayant pas existé au cours de l'Histoire - apparaissent comme personnages principaux dans certaines œuvres littéraires. Ils sont un moyen de critiquer la société et de dénoncer des abus rencontrés quotidiennement. 

L'oeuvre "Le roi s'amuse" - écrite par Victor Hugo, en vers, sous forme de pièce de théâtre, dont la toute première représentation eu lieu en 1832 à la Comédie-Française - est principalement connue pour avoir relaté l'histoire d'un bouffon qui a bel et bien existé ; celle de Triboulet. 
Certes, l'histoire en elle-même ne raconte pas toute la vie de ce bouffon, mais elle en est inspirée. Dans cette oeuvre, Triboulet est un bouffon rempli de vices ; méchant, cruel et malhonnête avec le roi, il l’incite à mal agir... Il désire même sa mort et veut le tuer. 
Son physique est disgracieux. Son attitude ainsi que son apparence laissent paraître un monstre ; il présente des qualités anti-héroïques. 
Mais sous ses airs d'un "être mauvais", Triboulet est aussi un homme qui, comme tous êtres humains, ressent des choses et qui a des sentiments profonds. 
Triboulet est père. Il a une fille pour qui il éprouve un grand amour ; elle occupe une grande place dans sa vie. Voulant le meilleur pour elle et voulant par dessus tout la protéger du monde extérieur, Triboulet l'élève en cachette pour sa sécurité.
La mise en scène met en avant l'étrange et inquiétante atmosphère de la pièce. On découvre alors un Triboulet rempli de colère, de haine mais aussi de désespoir. 
Loin du héro typique et traditionnel, Triboulet, lui, est un héro particulièrement tragique. 
Réunissant grotesque et sublime, il est l'emblème même du drame romantique.




Prolongement/Ouverture

   
    ---->  Pouvons-nous considérer que le statut de "bouffon du roi" est encore d'actualité? 

Bibliographie


  • http://corneillemoliere.perso.rezel.net/?page_id=273
  • http://blogs.mediapart.fr/blog/arash-saeidi/291010/la-liberte-du-fou
  • http://jmomusique.skynetblogs.be/archive/2010/01/20/fou-du-roi.html
  • http://trefaucube.free.fr/index.php?id=78 
  • http://www.historia.fr/web/complement-mensuel/la-cour-triboulet-le-fou-du-roi-24-01-2008-44965
  • http://deedoolife.blogspot.fr/2008/09/acidpop-le-bouffon.html
  • http://www.centrecharliechaplin.com/spectacle_le-roi-s-amuse-un-peu-d-histoire_10-35.html
  • http://fr.feedbooks.com/book/5323/le-roi-s-amuse 
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